La dette acquittée Alfred de Montvaillant (1826 - 1906)

Un jeune peintre arrivant à Molène
Était dans une affreuse gêne.
N’ayant, pour assouvir sa faim,
En ce moment, un seul morceau de pain.
Il voit un pauvre artisan qui l’invite
A partager son gîte,
Et, tout heureux de l’héberger.
Le lendemain, pour l’étranger,
Il s’en va chercher de l’ouvrage
Et son hôte reprend courage.
Le peintre, en son triste destin,
Est tombé malade un malin.
L’artisan le soigne et console
Son mal par sa douce parole,
Se lève tôt, se couche tard
Pour avoir au gain plus de part.
Il le veille, toujours rempli de bienveillance,
Et pourvoit à chaque dépense.
Après sa guérison, le peintre veut un jour
A ses parents annoncer son retour.
D’argent il reçoit une somme
Qu’il veut offrir à l’honnête homme
Qui lui prodigua tant de soins.
— Non, dit-il, ce que j’ai suffit a mes besoins.
De votre part c’est une dette
Envers le premier homme honnête
Que vous verrez dans le malheur.
Je devais ce bienfait, moi-même
Je fus tiré d’un embarras extrême.
Je m’on acquitte par bonheur.
“Votre âme ainsi sera reconnaissante
Si quelque occasion un beau jour se présente
De secourir un malheureux,
Ce dont mon cœur est désireux.





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