Rendez le bien pour le mal Alfred de Montvaillant (1826 - 1906)

En broutant l’herbe, un cheval est sorti
Du champ où l’avait mis son maître.
Le voisin en est averti,
Etant dans son droit, et peut-être
Par une inimitié poussé
De se rendre à la ville il se montre empressé.
Le cheval est mis en fourrière,
Et voila le propriétaire,
A qui l’on intente un procès,
Obligé de payer les frais.
Je n’est pas tout, le voisin près du maître
Vite se rend, lui fait connaître.
Que s’il trouve sur le chemin
Le cheval qui sort et va paître,
Il verbalisera soudain.
Le maître, un homme débonnaire,
Répond au voisin en colère :
Veuillez sans vous tant emporter,
Voisin, un moment m’écouter :
Un soir, je vis dans la prairie
Qui confine ma métairie,
Vos vaches, je les ramenai
Chez vous et je les enfermai
Soigneusement dans leur étable,
Sans vous faire un procès semblable.
Chaque fois que je les verrai,
Ce que j’ai fait, je le ferai.
Du maître entendant le langage,
Le voisin reconnut plus sage
D’agir de même, et du procès
Il voulut seul payer les frais.





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