Une abeille disait : oh ! pourquoi la nature
M’a-t-elle fait présent d’un cruel aiguillon,
Je travaille à mon miel, suave nourriture,
Je butine à mon gré sur les fleurs du vallon.
L’homme prend mon nectar ou plutôt je le donne,
Car il sait bien que je suis bonne.
Qui me ferait du mal ? Je ne connais personne.
Comme elle achevait, sans retard
Elle même arracha son dard.
Pauvrette sans expérience !
Sa trompe dans un lys plongea sans défiance,
Voilà que soudain un frelon
Comme un ouragan fond sur elle,
La pique, et la blessure, hélas ! était mortelle.
Elle en mourut, trop tard regrettant l’aiguillon.
Ô laborieuses abeilles
Qui peuplez le sacré vallon,
À faire votre miel vous consacrez vos veilles :
Mais il bourdonne au Pinde aussi plus d’un frelon.