L'Abeille sans dard Alfred de Montvaillant (1826 - 1906)

Une abeille disait : oh ! pourquoi la nature
M’a-t-elle fait présent d’un cruel aiguillon,
Je travaille à mon miel, suave nourriture,
Je butine à mon gré sur les fleurs du vallon.
L’homme prend mon nectar ou plutôt je le donne,
Car il sait bien que je suis bonne.
Qui me ferait du mal ? Je ne connais personne.
Comme elle achevait, sans retard
Elle même arracha son dard.
Pauvrette sans expérience !
Sa trompe dans un lys plongea sans défiance,
Voilà que soudain un frelon
Comme un ouragan fond sur elle,
La pique, et la blessure, hélas! était mortelle.
Elle en mourut, trop tard regrettant l’aiguillon.

Ô laborieuses abeilles
Qui peuplez le sacré vallon,
À faire votre miel vous consacrez vos veilles :
Mais il bourdonne au Pinde aussi plus d’un frelon.





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