Mimi ne prisait sous le ciel, ( Tant il était gourmand, ) que les choses qu’on mange, Et son poupard, fut-il beau comme un ange, L’ennuyait, s’il n’était ou de beurre ou de miel. Comme les ensans de son âge, On ne le voyait pas courir les hannetons, Chercher des nids, chasser aux papillons, Et le plus beau jardin n’était qu’un lieu sauvage, D’où l’ennui le chassait, sitôt que de ses dons Pomone à ses regards, n’offrait plus l’étalage ; Quand je dis ses regards, on entend bien,je crois, Que les yeux de l’enfant étaient au bout des doigts. Un jour donc de printems, sans savair trop que faire, Notre marmot, dans le jardin, Parmi les roses et le thin, S’ennuyant, comme à l’ordinaire ; Une abeille, à sa vue, alors Vint s’offrir ; et certaine histoire Qu’on lui fit de la ruche et de tous ses trésors; Se retraça dans sa mémoire. Ah! si l’abeille était en son pouvair, Pourrait-elle manquer de faire Un plat de miel matin et soir? Et de se mettre aussitôt en devoir De l’attraper : mais il no tarda guère À reconnaître son erreur, L’abeille, de son dard, lui fit telle piqûre; Qu’il se souvint long-tems de l’aventure; Et chaque fois, qu’avec humeur Il demandait bonbons et confiture, Sa bonne lui disait ; monsieur, Les abeilles en font.— Ces mots seuls, je vous jure, En rappelant à l’enfant sa douleur, Paralysaient sa gourmandise. Il fut d’abord, pour toute friandise, Bien moins ardent, par l’effet de la peur, Le tems et la raison finirent l’entreprise.