L’Enfant gourmand Antoine Vitallis (1749 - 1830)

Mimi ne prisait sous le ciel , ( Tant il était gourmand, ) que les choses qu’on mange, Et son poupard, fut-il beau comme un ange , L’ennuyait, s’il n’était ou de beurre ou de miel. Comme les enfans de son âge , On ne le voyait pas courir les hannetons, Chercher des nids, chasser aux papillons, Et le plus beau jardin n’était qu’un lieu sauvage , D’où l’ennui le chassait, sitôt que de ses dons Pomone à ses regards, n’offrait plus l’étalage ; Quand je dis ses regards, on entend bien,je crois , Que les yeux de l’enfant étaient au bout des doigts. Un jour donc de printems , sans savoir trop que faire, Notre marmot, dans le jardin, Parmi les roses et le thin , S’ennuyant, comme à l’ordinaire ; Une abeille, à sa vue, alors Vint s’offrir ; et certaine histoire Qu’on lui fit de la ruche et de tous ses trésors; Se retraça dans sa mémoire. Ah! si l’abeille était en son pouvoir, Pourrait-elle manquer de faire Un plat de miel matin et soir? Et de se mettre aussitôt en devoir De l’attraper : mais il no tarda guère À reconnaître son erreur, L’abeille, de son dard, lui fit telle piqûre; Qu’il se souvint long-tems de l’aventure; Et chaque fois, qu’avec humeur Il demandait bonbons et confiture, Sa bonne lui disoit ; monsieur, Les abeilles en font.— Ces mots seuls, je vous jure, En rappelant à l’enfant sa douleur, Paralysaient sa gourmandise. Il fut d’abord, pour toute friandise , Bien moins ardent, par l’effet de la peur, Le tems et la raison finirent l’entreprise.





Commentaires