Guerre ouverte dans le fruitier : Chenilles contre le pommier, Et Gros-Jean contre les chenilles. Pour quelques fruits rongés, des milliers de familles Périrent de la main de notre jardinier. C’était un beau sujet de guerre! Et certes, souvent parmi nous N’a-t-on pas vu plusieurs milliers de fous Se faire tuer pour quelque arpent de terre ? Pour moins encor, Pour un peu d’or ? Tandis donc que Gros-Jean, pour garantir ses pommes Se démenait. Exterminait, Une ortie aussi se plaignait Et des chenilles et des hommes. Quel sort, hélas ! plus triste que le sien ! Pas le plus petit soin ! pas la moindre culture ! Pas une feuille, mal ou bien, Qui ne soit une découpure ! « Sotte plante ! de tes piquants, Chenilles vendent les passants, Lui dit l’homme , et je t’abandonne A ces insectes dévorants : Tandis sur toi qu’ils exercent leurs dents, Mes fruits pourront gagner l’automne; Et tandis que tu te défends Tu ne fais de mal à personne.» Dieu met aux prises les méchants. Dont l’espèce toujours abonde, Pour laisser aux honnêtes gens Quelque repos en ce bas monde.