Les Métamorphoses de la Chenille Pierre Bergeron (1787 - 18??)

Un jeune écolier chez son père
Était venu passer quelques jours de congé ;
Loin du collége et d'un pédant sévère,
L'enfant d'un lourd fardeau se sentait soulagé,
Et, suivant son humeur légère,
Il sautillait, folâtrait, badinait,
Enfin tout son soûl s'en donnait.
Dans ses joyeux ébats, il aperçoit à terre
Une chenille qui rampait :
Oh! dit-il, la vilaine bête !
Il allait l'écraser, mais son père l'arrête :
Conservons, lui dit-il, cet animal si laid,
Et dans peu tu verras, j'espère,
Revêtu d'une forme et brillante et légère,
Cet insecte qui te déplaît.
Or, bientôt arriva l'époque
Où la chenille, dans sa coque,
S'ensevelit comme dans un tombeau,
Et se métamorphose en un être nouveau ;
Puis, déchirant sa grossière enveloppe,
En un beau papillon elle se développe ;
Et, voltigeant parmi les fleurs,
Fait jouer les reflets de ses mille couleurs.

L'homme avec la chenille a quelque ressemblance ;
Comme elle il rampe à sa naissance,
Rien n'annonce d'abord ses destins glorieux ;
Mais quand du génie, en silence,
L'étude a fait grandir le germe précieux,
Riche, éclatant, superbe, il renaît, il s'élance,
Et porte son vol jusqu'aux cieux.

Fable 7




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