La Chenille et le Ver-à-soie Franz Hermann Lafermière (1737 - 1796)

Que cette race humaine est sotte, impertinente !
Disait au Ver-à-soie une Chenille errante.
On me maudit, on me fait mille maux,
On m'interrompt dans mes travaux
Tandis que toi, Ver-à-soie,
On te nourrit, on te choie,
On admire, on trouve bon
Tout ce que tu bousilles,
Et nous sommes pourtant au fond
Toutes deux des Chenilles.

Racine fait des Vers, Pradon en fait aussi
Et le Pradon dit au Racine :
Je voudrais bien qu'on m'expliquât ceci ;
Vous êtes admiré, tandis qu'on m'assassine.
Tirez-vous de cet embarras :
Ces gens font ou méchants ou bêtes ;
Car, pour Dieu ! ne sommes-nous pas
Tous les deux des Poètes ?

Sans parcourir tous les états,
De la simarre à la mandille,
Combien de gens ne pensent pas
Comme Pradon et la Chenille !

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre I, Fable XXIX




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