Crésus est un Dieu sur la terre,
Tout lui succède et lui rit.
Heureux époux, heureux père,
Partout le plaisir le suit.

En Ville palais superbe,
Aux champs abris gracieux,
Sur le parquet et sur l'herbe,
Vins et mets dignes des Dieux.

La Cour l'accueille et le flatte ;
Du plus grand au plus petit,
Il n'en est point qui combatte
Un mot que Crésus a dit,

Tout ce que son cœur désire
(Grâces à son coffre-fort),
Crésus n'a qu'un mot à dire,
L'heureux Crésus l'a d'abord.

Parents, amis et maîtresse,
Enfants et femme et valets,
Tout s'évertue et s'empresse
A prévenir ses souhaits.

İl est à la fleur de l'âge,
Dans l'heureux temps de jouir,
Et l'on voit sur son visage
La santé s'épanouir.

Crésus est heureux, sans doute
Disait un homme sans bien ;
Crésus en passant l'écoute,
Et lui dit il n'en est rien.

« Dans cette fortune immense,
Qui vous rend donc mécontent
Hélas ! ami, l'opulence,
Dit Crésus en le quittant. »

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre I, Fable XXVIII




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