Le Papillon et l'Abeille Franz Hermann Lafermière (1737 - 1796)

Un jour sur la Rose vermeille
Le Papillon doré, pimpant,
Rencontra la modeste Abeille,
Qui bourdonnait en butinant.
L'insecte, brillant et futile,
Tout enivré de sa splendeur,
D'abord avec la Mouche utile
Débuta sur le ton moqueur.
Ça, dis-moi, Moucheron aimable,
Que viens-tu chercher près des fleurs ?
Cet air imposant et capable
M'annonce un rival redoutable,
Propre à m'enlèver leurs faveurs.
Sans se presser de lui répondre,
L'Abeille, à par soi ruminant,
Songeait au moyen de confondre
Le ricaneur impertinent.
Viens, dit-elle, je vais moi-même ;
Bravant tes brocards et tes ris,
Essayer de te mettre à même
De juger un peu de mon prix.
Et la bonne Abeille sur l'heure,
Volant d'un air victorieux,
Conduisit droit à sa demeure
Notre Papillon dédaigneux ;
Elle comptait faire parade
Des beaux chef-d'œuvre de son art,
Et punir sa turlupinade,
En l'abreuvant de son nectar.
Mais las ! le Papillon stupide
Ne comprit rien au bâtiment,
Trouva le miel insipide,
Et s'envola promptement,
En se moquant de son guide
Un peu plus qu'auparavant.

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre I, Fable XXXI




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