Le Papillon et l'Abeille Joseph Barthélemy de Feraudy (1762 - 1831)

Léger comme Zéphire, un papillon volage
Portant à chaque fleur son inutile hommage.
Sur la rose aperçoit l'artiste industrieux
Qui prépare le miel, digne présent des dieux.
Il croit voir en repos la diligente abeille.
Que fait-elle ? dit-il, sans doute elle sommeille ;
Qu'elle imite plutôt cette vivacité
Qui me fait, à bon droit, chérir de la beauté.
Tais-toi, répond l'abeille, être nul et futile ;
Je te vois, sans motif, caresser mille fleurs,
Tandis que je sais mettre à profit leurs faveurs,
Et réunir ainsi l'agréable à l'utile.

Que d'hommes ici bas, sans cesse voltigeant,
Ne s'attachent jamais qu'à la superficie,
Prennent du papillon l'air fat et suffisant,
Et dans la nullité passent ainsi leur vie.

Livre I, fable 28




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