« Sur les fleurs de ce chou tu t'arrêtes, ma sœur !
Fi ! quelle odeur nauséabonde !
Si lu veux à ton miel donner quelque douceur,
Viens aux lieux où la rose abondé.
Loin d'un légume vil, qui n'est pas fait pour nous,
Fuyons, fuyons, ma sœur l'abeille.
— Fuis seul, beau papillon ; je comprends à merveille
Pourquoi ce végétal provoque tes-dégoûts :
Ce chou, si j'ai bonne mémoire,
T'a servi bien longtemps de pâture et d'abri ;
Animal rampant et sans gloire,
Tu le gorgeais alors de ce mets favori.
Et maintenant, tout fier de l'éclat de les ailes,
Pour mieux faire oublier les destins d'autrefois,
Des fleurs tu choisis, je le vois,
Les plus nobles elles plus belles;
Mais, crois-môi, les soins: que tu prends
Pour cacher ta basse origine,
Ont un effet contraire et font, qu'on la devine. »
Tel un sot parvenu rougit de ses parents
Et des amis de son enfance :
Chenille transformée, il brille aux premiers rangs.
Mais tous ceux que sa morgue offense,
Ont la mémoire bonne, et comparent en lui
Au plat faquin d'hier l'insolent d'aujourd'hui.