Un vieux vizir disgracié,
Depuis plus de trente ans, dans une paix profonde,
Vivait loin de la cour, oubliant, oublié,
Et se disant heureux* chose rare en ce monde.
Le roi, l'ayant su par hasard,
Voulut voir l'honnête vieillard.
« Toi qui prétends mener une si douce vie, ;
Comment as-tu trouvé ce bonheur que j'envie?
Quel est Ion secret, dis-le-moi ?
— Je cherche à rendre heureux tout ce qui m'environne,
Répondit le bonhomme au roi.
Comme un feu bienfaisant dans tous les Sens rayonne,
Le bonheur rejaillit sur celui qui le-donne.
L'amour en est la source, il en est le lien :
Femme, enfants, serviteurs, jusqu'à mon chien lui-même,
Pour être aimé d'eux, je les aime,
Et de leur bonheur naît le mien. »