Le Papillon et les Abeilles Simon Pagès (17ème siècle)

Des papillons bien grands, bien gentils, bien perlés,
Et de couleurs bariolés ,
Voltigeaient dans un champ ; c’était une nichée
Qui, d'une branche desséchée ,
Chenille était sortie aux premiers feux du jour;
Papillon devenue , aux fleurs faisait la cour.
Ces beaux messieurs croyaient faire une forte armée ;
Chaque soldat , en vrai guerrier,
S'il faut croire la renommée ,
Se fat battu sans bouclier.
Ce bataillon léger, prétendant être maitre
De ces lieux et des environs ,
Ne voulait pas même permettre
De venir sur les fleurs prendre un repas champêtre ,
A leurs confrères papillons.
Cependant Je printemps ramène
Bientôt dans la riante plaine
Des abeilles des bois les nombreux escadrons ;
A leur tête on voyait leur reine.
Papillons d’arborer leurs brillants pavillons.
Mais ils n’ont pas de dards contre leurs ennemies.
Comme chacun est grand, chacun se croit vainqueur.
Hélas! au premier choc, de leurs ailes flétries
Le sol est tapissé; tout cède a la valeur.
On dit qu’un papillon , sauvé de la bataille ,
Tout tremblant, répétait en fuyant par un champ :
Quand tu vois l'ennemi, quoique tu sois fort grand,

Sot ! juge sur la force, et non pas sur la taille.

Livre I, Fable 7


Ou, si tu peux, ne juge pas du tout...

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