Dans son essor volage
A travers le vallon
Un brillant Papillon,
Gardait plus doux hommage ,
Baisers moins inconstants
Pour la fleur d'un narcisse
Qui penchait son calice
Sur les flots transparents.
L'insecte tout d'abord voltige ,
Dans ses désirs irrésolu ;
Puis il se pose sur la tige
Où l attire un charme inconnu.
Avec la fleur d'or et d'albatre
Au même instinct obéissant ,
Il se mire complaisamment
Dans le cristal de l'eau bleuâtre.
Tout énivré de sa beauté ,
Au soleil il fait de ses ailes
Miroiter les mille étincelles
Et l'onde, en son prisme argenté
Réfractant la splendide image,
En redouble encor le mirage.
Le bel insecte s‘affolait
Aux effets merveilleux du prisme;
De l'amour-propre satisfait
11 éprouvait le paroxysme ,
Lorsque dans le miroir des eaux
De Chenille sale et rampante
Il voit prés de lui sur la plante
Se dérouler les douze anneaux.
— « Qu’est-ce que cette engeance ? »
Dit-il avec dédain.
Je suis ton frère... et viens
Partager ta chevance, »
Tout bas répondit-on.
Toi! mon frère !,... allons donc !
Foin d'un tel parentage !
» Tunes qu'un inconnu! »
Ce Papillon m'offre l'image
De plus d'un brillant parvenu.

Livre II, fable 9


Hydra, 24 Aout 1853.

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