Dans les bosquets de Flore, au gré de ses désirs,
Un jeune Papillon variait ses plaisirs.
Plus loin, sur le rameau d'un murier solitaire,
Un Vermisseau
Lugubrement construisait son tombeau.
De son travail obscur la pécore était fière.
Malheureux ! disait-il à son heureux voisin,
Le sage à tout moment considère sa fin ;
Nos jours à tous les deux s'écouleront bien vite !...
Pour moi, grâce à mes soins, voici mon dernier gîte,
Et j'attends l'heure du destin...
Mais toi, pauvre insensé, qu'un feu léger dévore,
As-tu fait ce matin tes adieux à l'Aurore ?...
Tandis qu'il pérorait, le rival des Zéphirs
Leur donnait à ses yeux de nouveaux déplaisirs.
Bref il en fait tant et tant que l'ermite
Dont la vertu n'y pouvait plus tenir,
Dans son tombeau se renferme au plus vite.
Au bout de quelques jours fatigué de dormir,
Pour revoir la lumière il sort de sa cellule...
Dieux !... qu'est ceci, dit-il ?... J'ai des ailes !... Volons ;
Je serais idiot, si j'en faisais scrupule ;
Je n'ai que trop rampé... Vive les papillons :
Papillon, mon ami, finissons nos querelles ;
Jouissons du présent, voltigeons... j'ai des ailes.