Le Papillon, la Chenille et le Rosier Bourgeois-Guillon (19è siècle)

Vain de ses brillantes couleurs,
Un papillon, au cœur volage,
De la rose à l'oeillet, de mille à mille fleurs
Éparpillait son inconstant hommage.
Je conçois que de volupté
Cet insecte ne soit qu'avide ;
Il n'a jamais connu de parenté.
OEuf et chenille après avoir été,
N'est qu'un moment qu'il était chrysalide.
Et puis... il ne vit qu'un été!
Ainsi régnait dans un charmant parterre
Le papillon. Contre son ordinaire,
Près d'une rose il allait s'oublier ;
Lorsque sur le même rosier,
Où de tout son éclat il brille,
Il aperçoit une grosse chenille
Rampant à force. Ah quelle horreur ! dit-il,
Quel insecte rampant et vil !
C'est la honte de la nature.
Quoi, rosier, mon ami, tu souffres sa souillure.
Là, là, dit le rosier, comme elle on vous a vu.
Avant qu'automne soit venu,
Elle aura vos formes légères.

Ainsi l'on voit tel parvenu
Méconnaître d'anciens confrères.

Livre II, Fable 9




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