Un Papillon, d'azur et d'or tout brillante,
Voltigeait autour d'une rose ;
On eût dit le plaisir caressant là beauté.
Au souffle du printemps une Chenille éclose
Rampait près de la fleur. « Quoi dit le Papillon,
Animal roturier, bête de mauvais ton,
Peux-tu pousser si loin l'audace
De te trouver sur mon chemin ?
Crois-moi, fuis le grand jour. Vois combien j'ai de goût
De noblesse surtout Conviens que le destin
Ne nous fit pas de même race.
Je vole et règne ici; tu rampes; cache-toi. »
« Ingrat, lui répond la Chenille,
Par l'or dont ton vêtement brille
Ne crois pas valoir plus que moi.
Nous ne formons tous deux qu'une même famille,
Le fier Papillon met au jour
La Chenille souvent moins belle que son père;
La Chenille engendre, à son tour,
Le Papillon, si vain d'une gloire éphémère,
Si prompt à renier sa mère.
0 noblesse, quelles leçons !
Tous vos aïeux sortaient de la grande famille.
Quels sont souvent les fils nés de ces Papillons ?
Nature, répondez ; répondez, ma Chenille !