Un corbeau s’écriait : « Vive la couleur noire ! » Un caméléon l’entendit. Et vite noir il se rendit. C’est pour lui chose aisée, à ce que dit l’histoire. De changer de couleur comme ou change d’habit. Une colombe sur sa branche, Un vieux cygne sur son étang. De s’écrier aussi : « Vive la couleur blanche ! » Et le caméléon de blanchir à l’instant. « Fi du blanc et du noir! rien n’est beau que le jaune. Dit à son tour un loriot. — Non, c’est le gris, dit un pierrot. — Pour moi, c’est le vert que je prône, » Dit une perruche aussitôt. Et mon caméléon, toujours preste et docile, Qui se rend tour à tour et jaune, et vert, et gris, Croyait par là se faire des amis Parmi l’espèce volatile ; Mais passant toujours indécis, Du blanc au noir, du vert au jaune, Il ne sut contenter personne, Et se fit beaucoup d’ennemis.