Le Financier, l'Alphabet, et le Sansonnet Baron de Stassart (1780 - 1854)

L’épais Mondor, de grand matin,
C’est-à-dire à midi, roulait en équipage.
Pour se donner les airs d’un savant personnage,
Il veut être conduit dans ce pays latin
Que parcourent à pied le pédant et le sage ;
L’un, pour trouver quelque bouquin,
Et l’autre, quelque bon ouvrage.
Mondor s’arrête, avec son étalage,
Chez un des héritiers d’Étienne ou de Barbin ;
Et le voila, tout couvert de dorure,
Dans la docte boutique. Il prend un alphabet ?
A ses yeux étalant superbe couverture :
(De l’offrir au dauphin l’on avait le projet.)
« Sans ce pompeux habit, dit-il, triste brochure,
« Ton prix est nul. » — « Et toi, répond, pour le livret,
De sa cage un bon sansonnet,
Un peu railleur de sa nature ;
« Et toi, messire Turcaret,
« Que vaudrais-tu sans ta parure ? »

Gonflés d’orgueil, combien de grands
N’ont de valeur que par leur entourage !
Mauvais tableaux, riches encadrements,
De nos jours sont fort en usage.
N’accordons pas notre suffrage,
Sur la simple apparence, ainsi que bien des gens.
Pour le mérite seul réservons notre encens.





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