Un Paon disait avec douceur ;
A sa compagne bien-aimée :
C'est peu qu'en me voyant la foule soit charmée,
Ma chère, il manque à mon bonheur
De te voir partager l'honneur
De ma brillante renommée.
Le ciel envers moi n'a pas tort,
Lui répond l'humble femelle,
Je vous plais, mon ami, je me trouve assez belle ;
Briller n'est pas mon lot, aimer, voilà mon sort.
Ce que j'admire en vous et ce qui plaît si fort,
Cette queue arrondie et d'azur éclatante,
Pour moi serait embarrassante
Dès qu'il s'agirait de couver.
D'ailleurs cette beauté, faite pour captiver,
Nuit souvent, je le sais, au bonheur du ménage ;
Des liens dû devoir trop souvent se dégage
L'épouse dont les traits frappent nos yeux charmés.
Moi, c'est pour d'autres biens que mes voeux sont formés :
Fière de vos succès j je fais ma seule éludé
De bien élever nos enfants ;
Contre les maux je les défends,
Dans ma tendre sollicitude.
Sur mon destin veiuillez ne plus vous affliger,
Des dons extérieurs je ne suis point jalouse,
Puisque par eux, un jour ; je pourrais négliger
Mes devoirs de mère et d'épouse.