Le Paon élu roi des oiseaux Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

Il y a peu de temps, les oiseaux du royaume,
Se retrouvèrent seuls, comme déconcertés
Sans un guide à leur tête, ils étaient autonomes
Et n’étaient pas prêts pour autant de liberté.
En un lieu ouvert, se monta l’assemblée
Pour décider enfin qui deviendrait roi,
Au milieu des débats, au sein de la tablée
Un paon prit la parole et déclara tout droit :

« - Je suis le mieux placé, c’est certain, sans conteste
Pour assumer ce rôle et pour m’y distinguer,
Vous ne me verrez pas jouer les faux modestes,
Regardez mon plumage, ce n’est pas compliqué.
Je ne rajoute rien, je me suis fait comprendre :
Voyez donc mes couleurs, qu’y a-t-il de plus beau ?
Si nous sommes d’accords, ainsi, sans plus attendre
Je serai roi. Pardon, plait-il, monsieur Corbeau ?

- De votre aimable allure et de votre élégance,
De votre belle robe et de vos plumes d’or
Je reconnais, monsieur, sans douter la prégnance,
Vous dépassez le geai, le cygne et le condor.
Oui mais que donneront ces maigres avantages
Quand viendra le moment d’aider les plus petits,
Saurez-vous écouter, proposer en partage
Les richesses des uns pour les plus mal lotis. »

Ces précieux atours, cette beauté céleste
Qu’aucun de nous ici ne saurait discuter
Seront-ils au service d’un avenir funeste,
Où rien n’est important que votre royauté
Ou saurez-vous baisser vos yeux magnifiques
Vers tous vos sujets qui, parfois, dorment dehors.
Pour ceux-là, dites-nous, hein ? Quelle politique ?
Seront-ils entendus ou livrés à leur sort ?

Vous devez le savoir, le feu est à nos portes
Les humains sont partout, prêts à déposséder
Les animaux des bois, oui, tous, de telle sorte
Qu’il ne nous reste rien. Nous faudra-t-il céder ?
Vous refuserez-vous à cibler l’adversaire
En demeurant passif, devant votre miroir,
Ou vous résoudrez-vous à partir à la guerre
Contre ces profiteurs, immondes salopards.

Bien d’autres questions pourraient être évoquées
Qu’on se pourrait poser si vous étiez preneur.
Devenir souverain n’est pas chose indiquée
Pour ceux qui seulement recherchent les honneurs. »

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