Un gros perroquet gris, échappé de sa cage,
Voletait au hasard, cherchait un lieu plaisant.
Il vint à s’arrêter à l’ombre d’un bocage :
Jugeant tout, dédaigneux, blâmant tout, suffisant.
Là-bas, aucun oiseau n'avait l'art de lui plaire ;
Et dès qu'ils commençaient leurs joyeuses chansons,
Le perroquet chagrin, alors, les faisait taire
Par des coups de sifflet répondant à leurs sons.

Dès le lever du jour, fier et plein d’assurance,
Prenant alors le ton de ces faux connaisseurs,
Il jugeait les accents, critiquait les cadences.
Au chant du rossignol, il trouvait des longueurs ;
Il s’agaçait d’ouïr le chant de la mésange
Des notes du pinson, il se plaignait, bourru,
« Allez-vous donc cesser, tout ce bruit me dérange ! »
Pensait-il en sifflant, insolent, malotru.

L’étourneau n’était pas digne de ses oreilles,
Le linot, selon lui était sans qualité,
Le merle noir, le geai, la grive, la corneille,
Le coucou, le moineau ne savaient pas chanter.
La fauvette aurait fait quelque chose peut-être,
Dans sa musique, tout n’était pas à jeter.
Et si, dans sa jeunesse, elle avait eu ce maître
De son expérience, elle eut pu profiter.

« - Vous qui sifflez toujours, faites qu'on vous admire,
Viennent lui dire un jour tous les oiseaux du bois,
Donnez-nous la leçon mais montrez-nous, beau sire,
Vous avez, c’est certain, une brillante voix.
Allez, daignez chanter, afin de nous instruire. »
Notre perroquet gris, un peu dans l'embarras,
Se gratte un peu la tête, et finit par leur dire :
« - J’aime siffler, mais je ne chante pas. »

Mai 2022


Inspiré de Florian. Dans son propre texte, on sent une vise diatribe contre les critiques de son temps, qui l'on fait beaucoup souffrir. On peut interprétrer le thème bien différement ici.

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