« - Pourrez-vous m’éclairer, disait au dromadaire,
Un beau rhinocéros jeune, vaillant et fort,
Pourrez-vous m’expliquer, s'il vous plaît, mon cher frère,
D'où peut venir pour nous l'injustice du sort ?
L'homme, cet animal puissant par son adresse,
Vous recherche avec soin, vous loge, vous chérit,
Il voit d’abord en vous le luxe, la richesse
De son pain, de son eau, vous comble et vous nourrit.
Oui, vous êtes léger, doux, sobre, infatigable ;
Vous portez ses enfants, ses vivres, ses fardeaux ;
Mais le rhinocéros est tout aussi capable
De ces mêmes vertus et de prêter son dos.
De notre énorme corne et de notre cuirasse,
Pour gagner ses combats, il se pourrait servir ;
Mais malgré tout cela, sans repos il nous chasse,
Nous méprise, nous hait et nous force à le fuir.
- Ami rhinocéros, répond le dromadaire,
De notre condition ne soyez point jaloux ;
C'est peu de servir l'homme, il faut encor lui plaire.
Vous êtes étonné qu'il nous préfère à vous :
Mais de cette faveur voici tout le mystère,
Nous savons plier les genoux. »
Inspiré de Florian. Une chanson existe sur ce texte.