Le Dromadaire et le Singe Baron de Stassart (1780 - 1854)

« Si tu voulais, mon ami, mon compère, « Me souffrir un peu sur ton dos , Disait un jeune singe à certain dromadaire Qui partageait sa gloire ainsi que ses travaux ; « Ce serait charge bien légère, « Et j’en arriverais plus frais et plus dispos. » Le dromadaire est meilleur que personne ; Il s’y prête sans hésiter, Et maître Bertrand se cramponne Si bien deçà, delà, qu’il parvient à monter. Ensuite que fait-il? vraiment on le devine : Dominé par son mauvais cœur, Sans cesse il déchire et lutine Son trop généreux bienfaiteur. Celui-ci ne dît mot, mais enfin il se lasse, Et de l’ingrat se débarrasse. De la tête , à l’instant, l’odieux sapajou S’en va donner contre un caillou, Et le caillou la lui fracasse. Hommes, vous imitez Bertrand!. Si vous foulez aux pieds toute reconnaissance, Un semblable sort vous attend : L’ingratitude enfin lasse la bienfaisance.





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