Le Rossignol et l'Epervier Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

Un rossignol perché
Sur un chêne penché
Chantait comme à son ordinaire
Un épervier le vit,
Fondit sur lui, ravi,
Poussé par un besoin primaire
De trouver prestement,
En un seul battement
D’aile, de quoi remplir sa panse.
Il attrapa l’oiseau
D’un coup, d’un seul assaut
Sans le moindre bruit, en silence.

Le premier, apeuré,
Alarmé, effaré,
S’adressa vite à son compère,
Pour espérer sauver
Sa peau et retrouver
Sa liberté chère et entière.
Le danger était grand
De voir son concurrent
N’en faire qu’une ou deux bouchées,
De le tailler avec
Le tranchant de son bec
Et de ses serres accrochées.

« - Vous m’avez attrapé
Je ne puis m’échapper
C’était attendu, sans surprise.
N’est-il pas dégradant
De manger, cependant,
Une aussi fine et frêle prise ?
Vous méritez plus gros,
Plus gros qu’un passereau,
Peut-être un coucou, une grive,
Un pic vert, un canard
Pourquoi pas un busard,
La chasse en serait plus sportive. »

Resserrant son butin,
L’épervier, à l’instinct
Sentit de loin venir le piège
« - Malgré ce trait d'esprit,
Mon déjeuner est pris
Ainsi, pourquoi le lâcherai-je ?
Dans mes griffes de fer
Je retiens mon dessert,
Nulle raison que je le cède,
L’autre n’est qu’illusion. »
Alors, en conclusion :
Jouissons de ce que l’on possède.

Mai 2022


Inspiré de Esope. Notons que La Fontaine ne s'est pas emparé de ce thème. Il a traité Le Milan et l'épervier mais l'histoire est toute autre.

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