Le Rossignol et la Cabale Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un Rossignol, dans le bocage,
De ses accords mélodieux,
Charmait tous les-oiseaux joyeux
D’entendre son savant ramage.
Ils l'admiraient, sans dire mot,
Quand il fut troublé par un sot.
Un geai, dans son impertinence,
De Philoméle osa critiquer la cadence.
Un corbeau, non moins vain, venant se joindre à lui,
Dit que cette voix trop flûtée
Ne lui causait que de l'ennui.
A son tour même, une pie effrontée
Contrefit le musicien,
Parla beaucoup et s’en vint dire
Que, dans son chant, elle ne trouvait rien
De bien.
Cette cabale fit proscrire
Du chantre de la nuit l’harmonieux concert.
Le bocage devint désert...
Ainsi triomphait donc l’envie,
Le faux savoir, la basse jalousie.
Mais bient6t, réduite aux abois,
Au loin, l’ignorance est chassée}
Le Rossignol reprend sa voix,
Sa chanson est recommencée.
De son talent chacun vint le féliciter! °
Le mérite toujours finit par l’emporter.

Fables nouvelles, Livre II, Fable 9, 1851




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