Un rossignol, dans un bocage,
Dés les premiers rayons du jour,
Enchantait tout le voisinage
Et tous les échos d’alentour
Par la douceur de son ramage.
Oubliant amour et repos
Pour l’entendre, tous les oiseaux
Autour de lui faisaient silence.
L’Aurore môme s’arrêtait,
Ne voulant pas que sa présence
Supprimât la moindre cadence.
A son tour, par reconnaissance,
Philomèle se surpassait.
Contente enfin elle se tait.
Une alouette alors s’approche
lit dit : « Ton chant est merveilleux ;
Nul de nous ne sait faire mieux;
Pourtant accepte le reproche
De cesser quand le printemps fuit.
Au lieu d’égayer, jour et nuit,
Les bois, la plaine et la colline. »
Philomèle répond : « Cousine,
J’excuse ta critique, car
Il vaut bien mieux, je m’imagine.
Se taire trop tôt que trop tard.
Je suis les lois de la Nature
Qui m’avertit de mon déclin :
Quand on dépasse la mesure,
L’œuvre du soir peut à la fin
Annuler celle du matin. »