Voulez-vous savair, mes enfants,
Pourquoi le rossignol ravit par ses doux chants ?
Ecoutez : autrefois les dieux et les déesses,
De nos bois fortunés se faisaient habitants,
Pour nous favoriser de leurs riches largesses.
Le dieu des vers demeura dans nos champs ;
Il gardait les troupeaux d’Adméte ;
Hi fréquentait les bosquets et les bois ;
De l'art de la musique il enseignait les lois,
Et mariait au son de sa musette
Les sons de sa divine voix.
Un oiseau très modeste, habitant des bocages,
Était connu, chez les oiseaux,
Comme juge des beaux ramages.
L'inventeur de la flûte avec des chalumeaux
Aurait désiré ses suffrages.
Le dieu des vers voulut un jour,
A art du chant toujours propice,
Connaitre son gout, sa justice.
Il appela les oiseaux d’alentour.
Gentil linot, belle fauvette,
Et le joli chardonneret,
Et le babillard sansonnet,
Tous les oiseaux chantant l'air de la serinette.
avec tant de justice il adjugea les prix,
Qu’Apollon de son goût fut vivement épris.
Sa sentence fut sans réplique :
Tl eut nom rossignol, ou roi de la musique.
Si de sa voix nous sommes tous ravis,
O mes enfants, n’en soyons pas surpris.
Tirez de cette fable une utile sentence :
Qui rend bien la justice en reçoit récompense.