Le Rossignol et le Chat-huant Simon Pagès (17ème siècle)

Un rossignol d'un rivage lointain,
Vers le retour de la fleur printanière,
Quitta son écho solitaire,
Et s'envola dans un brillant jardin,
Magnifique séjour des plus belles fauvettes,
De maints savants rossignolets,
De maints linots, de maints chardonnerets
Qui remplissaient les airs de mille chansonnettes.
Perché sur un laurier, le rossignol des champs
Fait entendre bientôt les plus sublimes chants.
Tous les chantres ailés qui célèbrent l''aurore
Par leurs concerts mélodieux,
L'admirent a l'envi; sa voix tendre et sonore,
Sa chute, ses éclats, ses sons harmonieux,
Et ses accents plaintifs ravissent plus encore.
Un chat-huant, vile horreur des oiseaux,
"Triste habitant d'un trou d'une vieille masure,
Hantant, durant la nuit obscure,
Vieux châteaux, vieilles tours, et lugubres tombeaux,
Cruel tyran des rats, l'entend; il le censure:
Il voudrait même en faire sa pâture.
Il souffle, il siffle, il pousse de vains cris
Pour étouffer sa mélodie :
Le rossignol le voit, répond par le mépris,
Chante, et sa voix est partout applaudie.

Ainsi le vrai talent triomphe de l'envie.

Livre II, Fable 2




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