Un beau matin, Zircis, au pied d'un hêtre,
Faisait répéter à l'écho
Une chanson tendre et champêtre,
Qu'il modulait sur son doux chalumeau.
Tous les habitants du bocage
Avaient, pour l'écouter, suspendu leur ramage.
Quel est ce téméraire arrivé dans ces bois?
Dit le rossignol seul : prendra-t-il mon empire?
Il donne alors tout l'essor à sa voix:
Orphée, à ces accents, est suspendu sa lyre;
Zircis, du rossignol ignorant le délire,
Répond, par des sons soutenus,
A sa divine mélodie;
Excite encor sa jalousie.
Des tons graves aux tons aigus
Le rossignol passe sans cesse,
Puis il soupire avec tendresse;
Il enfle son gosier,, il s'irrite au combat.
Le bon Zircis prend une ardeur nouvelle;
Il veut savoir la fin de ce débat,
Et provoque encor Philoméle.
Les chants du rossignol surprennent les échos;
Les défis sont pour lui des triomphes nouveaux :
S'il fait résonner l'air d'une belle cadence,
Zircis répond sans peine ; alors il recommence;
Il triomphe toujours, se croit toujours vaincu;
Il veut le réduire au silence;
Mais, hélas! effort superflu!
Sa voix devient plus forte et plus perçante,
Ses sons plus variés... On ne se rendra pas!
Qu'incontinent cette bété insolente
Se taise. Il dit ; ses chants se brisent en éclats;
Et, victime d'un prompt trépas,
Il tombe. Echo, plaintive et gémissante,
Répéta ses derniers soupirs;
Et, suspendant les sons de sa lyre innocente,
Le berger s'écria : Modérons nos désirs.