Un ânon bien mauvais, un poulain bien léger,
Broutaient l'herbe tendre et fleurie.
Ils étaient dans une prairie,
Gardés par un gentil berger.
Le mentor les traitait comme des camarades;
Il pourvoyait a leurs besoins;
Mais les méchants répondaient à ses soins
Par quelques coups de pied, ou quelques pétarades.
Etant devenus assez grands,
Notre berger, avec intelligence,
Leur donnait, comme à des enfants,
Des avis sur l'obéissance.
L'un se corrigea bien de sa légèreté,
L'autre jamais de sa méchanceté;
Il acquit encor l'insolence,
De plus l'opiniâtreté.
En rappelant un jour les soins de leur enfance,
M1 leur donnait conseil comme a de bons amis.
Par le cheval ils furent tous suivis;
Mais notre Ane entêté fit.... une impertinence.
L'excellent naturel reçoit les bons avis,
Tandis que le sot s'en offense.