Deux beaux linots, nés d'une même mère,
Avaient différent caractère.
Le cadet était étourdi ;
L'ainé brillait par sa sagesse.
La mère avait pour eux une égale tendresse,
Père linot les chérissait aussi.
On s'attend que l'étourderie
Entrainait monsieur le cadet
Dans mainte et mainte espièglerie.
On a raison ; mais maman l'ignorait,
Ou bien son frère l'excusait.
Souvent cette tête légère
Avait dispute avec un moineau polisson ;
Le frère le grondait, lui faisait la leçon,
Une réprimande sévère ;
Rien n'était su dans la maison.
Un jour monsieur de linot père
Apprit, par un de ses amis,
La conduite de ses chers fils.
Il reprit l'ainé sans colère.
— Pourquoi, mon fils, couvrir les fautes de ton frère ?
Le fils lui fit cette réponse-ci :
La charité, papa, tait les fautes d'autrui.