Le Chêne Simon Pagès (17ème siècle)
Noir orage, fière tempête,
Je brave vos efforts jaloux ;
Grondez au-dessus de ma tête,
Je me ris de votre courroux.
Avec fracas vous me faites la guerre,
Pour avoir Je plaisir de renverser à terre
Le vieux monarque des forêts;
A braver vos assauts nous serons toujours prêts.
Contre un ennemi formidable
Un chêne était invulnérable;
Mais il ne sentait pas un ennemi vainqueur
Qui sourdement le minait dans le cœur.
C'était un petit ver, insecte méprisable.
D'abord on voit palir.sa tête vénérable,
Ses bras se dessécher ; enfin son tronc pourri
Annonce au bucheron que son règne est fini.
Sa majesté royale est enfin consumée
Sur un bâcher, et son corps converti
Partie en cendre, et partie en famée.
Qu'es-tu, lecteur ? Rien, rien. Tiens-toi pour averti.
