Ivre de vin, ivre d’amour.
Ivre d’argent et trop ivre de gloire,
Ivre d’ambition pour vivre dans l’histoire,
Ces ivresses font tour-à-tour
Les tourments des humains : lecteur, tu dois le croire.
Ivrogne! sac de vin! s’écriait Isabeau
A son mari venant de boire :
Vous avalez le vin sans eau ;
Eh bien! vous périrez, Grégoire.
— De l’eau, morbleu! tu veux m’empoisonner:
Garde-toi bien de m’en donner!
Grave cela dans ta mémoire!
Un soir d’hiver, épris de vin,
Il revenait:… il tombe au milieu du chemin :
On le trouva gelé le lendemain.
Ah! prends pitié de ma constante flamme,
S’écriait Colinet, objet de mon amour;
Le feu qui brûle dans mon âme
Me consume la nuit, le jour.
En vain l’écho répète sa voix tendre ,
Colette ne veut pas l’entendre,
Méprise le don de son cœur
Et Colinet meurt de langueur.
Perdant un jour sa pauvreté ? :
A l’assassin ! au voleur! au voleur!
Criait un harpagon, hurlant à faire horreur :
On a dérobé ma cassette.
Son fils était le ravisseur.
Il voulait s’amuser, rire, se faire fête :
Notre vilain se pend de désespoir.
N’était-ce pas un bel exemple à voir?
Depuis la naissance du monde,
Qu’ont fait les conquérants, tous les ambitieux ?
Troublant la paix la plus profonde,
Désirant de passer pour dieux.
Par leur détestable faiblesse,
Et leurs méprisables fureurs,
Ils ont prouvé que toute ivresse
Conduit l’homme aux plus grands malheurs.