Le Vieillard et jeune Villageois Simon Pagès (17ème siècle)

Un vieillard rencontra, dans le milieu d’un bois,
Le fils d’un riche villageois.
C’était un petit volontaire
Léger, méchant, capricieux,
Enfin de mauvais caractère.
— Où cours-tu, mon ami ? lui dit l’octogénaire.
Le drôle répond : — Où je veux.
Malgré cette insolence extrême,
« Vous pouvez, repart-on, vous perdre dans ces lieux.
Si le soleil ne brillait à mes veux,
Monsieur, je me perdrais moi-même.
Mais suivez ce chemin directement percé;
Évitez ce sentier obliquement tracé. »
Que fait cette tête légère ?
Il prend le chemin contrefait,
Couvert de la fleur printanière,
Et cela parce qu’il lui plaît.
Il marche a droite, il marche à gauche,
Par-ci, par-là, cherchant des nids ;
Tout ce qu’il trouve, œufs et petits,
Il le met pêle-mêle en poche.
La nuit le surprend : il voudrait
S’en retourner. Il court à l’aventure ;
L’obscurité règne dans la forêt.
Qui sait les tourments qu’il endure ?
Il allait, il tournait, revenait, se heurtait,
Criait, pleurait, se lamentait ;
Enfin il tombe au fond d’un précipice,
Et, par un déplorable sort,
Il meurt dans l’horreur de son vice.

Un chemin détourné peut conduire à la mort.

Livre IV, Fable 11




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