Un vieillard rencontra, dans le milieu d’un bois,
Le fils d’un riche villageois.
C’était un petit volontaire
Léger, méchant, capricieux,
Enfin de mauvais caractère.
— Où cours-tu, mon ami ? lui dit l’octogénaire.
Le drôle répond : — Où je veux.
Malgré cette insolence extrême,
« Vous pouvez, repart-on, vous perdre dans ces lieux.
Si le soleil ne brillait à mes veux,
Monsieur, je me perdrais moi-même.
Mais suivez ce chemin directement percé;
Évitez ce sentier obliquement tracé. »
Que fait cette tête légère ?
Il prend le chemin contrefait,
Couvert de la fleur printanière,
Et cela parce qu’il lui plaît.
Il marche a droite, il marche à gauche,
Par-ci, par-là, cherchant des nids ;
Tout ce qu’il trouve, œufs et petits,
Il le met pêle-mêle en poche.
La nuit le surprend : il voudrait
S’en retourner. Il court à l’aventure ;
L’obscurité règne dans la forêt.
Qui sait les tourments qu’il endure ?
Il allait, il tournait, revenait, se heurtait,
Criait, pleurait, se lamentait ;
Enfin il tombe au fond d’un précipice,
Et, par un déplorable sort,
Il meurt dans l’horreur de son vice.
Un chemin détourné peut conduire à la mort.