Le Cygne, l'Oie et l'Oison Simon Pagès (17ème siècle)

Un cygne, une oie avec son fils
Hantaient même bassin. Le cygne avec mépris
Regardait la gent canardière,
Qui prétendait avair un vrai cygne pour père.
Loison, en se plaignant de l'oiseau de Cypris,
Disait un jour : « Maman, l'oiseau blanc me maltraite,
Et, pour m'injurier, il m'appelle un oison.
N'est-il pas vrai, maman, que je ne suis pas bête ;
Qu'au contraire c'est lui qui tire du dindon ?
— Que dis-tu du dindon? il est plus sot encore,
Et je veux le lui faire voir,
De peur qu'il ne l'ignore,
Ce faquin, ce fier avaloir ! »
Aussitôt notre oie, en commère,
Au bassin lourdement descend,
Et va quereller sottement
Le cygne, en l'appelant faux frère.
Notre bipède, au cou d'argent,
Oiseau de la belle déesse,
Se livre à son noble courroux,
Accable la sotte de coups.
Notre oison est aussi puni de sa hardiesse;
Enfin, Voie et Poison, ô regrets superflus !
Honnis, battus, plumés par l'oiseau de Vénus,
Prouvent dans cette fable, il faut que je le dise,
Qu'un fol orgueil marche avec la sottise.

Livre IV, Fable 10




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