Sur le lac nageait en silence
Un cygne au port majestueux,
En arrière avec indolence.
Repliant son cou flexueux,

Et, comme une barque poussée
Par la douce haleine du soir,
Voguant, l'aile à demi-dresséc,
Sur l'onde aplanie en miroir.

Soudain sur son beau corps d'albâtre
Un enfant méchant et grossier
Fait pleuvoir la vase noirâtre,
Qu'il va puiser en plein bourbier.

Tout souillé par la fange immonde,
L'oiseau plonge et s'éloigne, mais
Bientôt il reparaît sur l'onde,
Plus pur et plus blanc que jamais.

Sur le lac paisible il se joue,
Sans prendre garde à l'envieux,
Qui, couvert de honte et de boue,
Va se cacher à tous les yeux.

Livre V, Fable 4, 1856




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