Accablé de maux et d'années,
Un chat, que la faim dévorait,
Passait les plus tristes journées.
Tapi dans un recoin, le pauvre ! il espérait
Qu'enfin le dieu des chats, propice,
Amènerait quelqu'un du peuple souriquois,
Sil fat scélérat autrefois,
Il est aujourd'hui sans malice :
Miséricorde à tout pécheur.
Trois petites souris, tout fraichement repues,
Lestes, rondelettes, dodues,
Viennent trotter auprès du vieillard qui se meurt :
En le voyant : Holà ! dit l'une d'elles,
Voila Rodilard aux abois:
Vengeons-nous, vengeons-nous des injures cruelles
Que ce perfide, tant de fois,
A fait à notre race ; arrachons ce qui blesse,
Chaque grifse d'abord (mes sœurs, ne craignez rien,
Il est maintenant en faiblesse),
Et puis les dents, nous ferons bien.
Deux sautent a l'instant vers les traitresses pattes ;
La troisième vers le museau :
Alors, le moribond bourreau
Ouvre ses dents, ses grifses scélérates,
Les happe en même temps, et les croque aussitôt.
Ne méprise jamais ni les chats ni les chattes,
Petit rat ; ne sois pas si sot.