Le Chat et La Souris Nivet Desbrières (18ème siècle)

Un fin matois que l'on nomme Grisgris,
Apercevant une jeune Souris
Qui, dans son trouve se tenait renfoncée,
Et se flattant qu'il l'aurait amorcée,
Lui dit d'un ton fort doucereux ;
Venez ici, ma bonne amie,
Nous nous amuserons tous deux.
On eût hier la compagnie ;
La table était très bien garnie ;
Les reflets sont délicieux.
Tandis que la famille est encore endormie,
Nous nous empâterons et nous moquerons d’eux
C'est 1à le plaisir de la vie.
Votre repas, dit-elle , est peut—être fort bon ;
Mais il ne me fait point envie,
J'ai dans mon petit trou tant soit peu de jambon
Et la frugalité m’est chère,
Si je faisais trop bonne chère
Cela pourrai m’incommoder ;
D'ailleurs j'aperçois la lumière,
Et n’ose pas me hasarder.
Allez-chercher quelque commère,
Pour la régaler avec vous :
J'aime mieux vivre en solitaire,
Et selon moi, c’est sur la terre,
C'est là le plaisir le plus doux.
Eh bien, vivez ainsi, dit le Chat en courroux ;
Vous faites à présent la fière ;
Mais peut-être qu’un jour vous viendrez avec nous.

Méfiez-vous. bien des caresses
De l'ennemi le plus flatteur :
Plus il vous fera de promesses,
Plus vous verrez qu'il est trompeur.

Fables nouvelles, fable 7




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