Les animaux voulant s'asservir à la Loi,
S'assemblèrent, un jour, pour se choisir un Roi
Que l'on cru, par son savoir faire,
Capable de régir toute la Nation.
Après mainte prétention,
Le Singe, par ses tours et sa mine étrangère,
Eut si fort le talent de plaire,
Que chacun lui donna sa voix.
Aussitôt qu’on eût fait ce choix
Le Renard tourmenté d’envie
De voir qu’à l'avenir, son rival remplirait
Cet honorable poste où lui-même aspirait
Dit tout bas, mort soit de ma vie!
Je vais te jouer un bon tour,
Pour te souffler le Diadème :
Et s'avisant d'un stratagème,
(Comme pour lui-faire fa cour)
Sire , dit-il, ce matin, même,
Et je m’en réjouis encor,
En revenant de ma tanière ,
Jai découvert un monceau d'or
Dans le coin dune pépinière.
Je pense donc que ce trésor,
Qui vaut bien une mine entière,
Appartient de plein droit à votre Majesté.
L’autre y court aussitôt, avec avidité ,
Sans se douter de l'imposture ;
Mais au lieu d'un trésor. C'était un traquenard
Où le Singe fut pris. Quoi donc! dit le Renard
Riant fous cap de l’aventure ,
Quoi tu voulais fur nous régner !
Tu prétendais nous gouverner,
Et tu ne sans pas te conduite ?
On fit un grand éclat de rire,
Et de tous les sujets le Singe ainsi berné,
Eut encor la douleur de se voir détrôné.

D'après cela, Lecteur, je pense
Que l'aveugle crédulité,
Ainsi que la cupidité,
Sont les sources de l'imprudence,
Et qu'en, sans la méfiance,
On n'est jamais en sûreté.

Fables nouvelles, fable 8




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