La Montagne de le Lézard Nivet Desbrières (18ème siècle)

Autrefois une Montagne
Entre la France et l’Espagne,
Étant sur le point d’accoucher,
Jettait des cris les plus terribles,
Des cris capables de toucher
Tous les cœurs les plus insensibles.
Lions, Tigres et Léopards
Accoururent de toutes parts,
Pensant qu’après cette torture,
Et des efforts si violens,
Il alloit sortir de ses flancs
Un Monstre d’énorme stature,
Tel qu’un Python ; quand par hazard,
Pour fruit d’un si cruel martyre,
Elle n’enfanta qu’un Lézard
Qui les fit tous crever de rire.

Que de gens se donnent le ton
D’annoncer au Public un merveilleux ouvrage !
Et qui, comme Rainaud et son ami Ballage
Ne produisent qu’un avorton.
Sans aller jusqu’aux Pyrénées,
Paris et Londres, fort souvent,
Nous procurent l’amusement
De ces couches inopinées.

Fables nouvelles, fable 12




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