Le Lion et le Rat Nivet Desbrières (18ème siècle)

Comme un jour le Lion goûtait un doux repos $
í Un Raton, plein de pétulance,
Sans en prévoir la conséquence j
Sautait autour de lui, lui montait fur le dos ;
Le Lion réveillé, dans son impatience,
Saisit l'importun animal ;
Mais en considérant que ce serait fort mal
D'en tirer aucune vengeance',
II lui donna la liberté!
Le Raton tout épouvanté,
Connut alors son imprudence,
Et se retira de côté
Plein de respect et de reconnaissance.
Il advint quelque temps après
Qu'en poursuivant une jeune Panthère ,
Le Roi des Animaux tomba dans des filets
Que l'on avait tendus exprès ;
Pris comme un rat dans la ratière ,
11 s'agite, s'irrite, hérisse fa crinière,
Et de rugissements fait trembler les forêts ;
Tout fuit, tout est en épouvante,
Chacun redoute fa fureur ;
Mais aux cris de son bienfaiteur,
Le Rat sensible se présente,
Et pour lui prouver son bon cœur
Il se met bien vite à l'ouvrage,
Ronge les mailles, le dégagé,
Et se contente de l'honneur
De l'avoir tiré d'esclavage.

On voit qu'un petit serviteur
Est quelquefois d'un grand usage.
Imitateurs du Lion généreux,
Princes, sachez pardonner une offense,
Le sang de vos sujets est un sang précieux,
Épargnez-le par l'indulgence,
Et songez bien que la clémence
Est la seule vertu qui vous égale aux Dieux.

Fables nouvelles, fable 16




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