Le Noble et le Vilain (Le Lion et le Rat) Eugène Desmares (1806 - 1839)

En révolution obligeons tout le monde.
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Car de nos jours la preuve abonde.

Un puissant seigneur, au bon temps,
Jugeait un paysan pour un délit de chasse ;
Le suzerain, touché de ses cris repentants
Et des pleurs de sa fille, excusa son audace.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un noble eût d'un manant affaire !
Mais en quatre-vingt- treize, arrive une saison
Où le Noble est mis en prison.
À la mort tous ses cris ne pouvaient le soustraire.
Le Manant accourut, et, grâce à ses efforts,
La porte du cachot au Noble fit passage.

En tous les temps, pour les plus forts,
La clémence est un parti sage.