Un roi, nommé Napoléon,
Faisait des rois telle déconfiture,
Que de nouveaux régnaient sur chaque nation,
Tant il en avait fait avec sa signature.
Le peu qu'il en restait n'osant bouger chez soi,
Était forcé de faire une rente au grand roi ;
Napoléon passait, chez la gent misérable,
Non pour un dieu, mais pour un diable.
Or, un jour que le prince au loin
Allait chercher une couronne,
Pendant qu'il s'amusait aux plaisirs de Bellonne,
Le demeurant des rois tint congrès en un coin
Sur la nécessité présente.
Dès l'abord Metternich, personne fort prudente,
Opina qu'il fallait, l'occasion s'offrant,
Dans une île déserte enfermer le tyran ;
Qu'ainsi quand il irait en guerre,
Il faudrait de sa marche avertir l'Angleterre ;
Qu'il n'y savait que ce moyen.
Chacun fut de l'avis de monsieur le Doyen.
Chacun aurait voulu saisir l'Ogre de Corse.
La dissiculté fut de prendre le tyran.
L'un dit : je n'y vais point, je veux garder mon rang
L'autre, je ne pourrais. Sans rien faire, de force
On se quitta. Je trouve maints congrès,
Qui pour rien se sont ainsi faits :
Congrès faits à Laybach, assemblés à Bayonne,
Voire aussi congrès de Vérone.
Ne faut-il que délibérer ?
L'Europe en conseillers foisonne.
Est-il besoin d'exécuter ?
On ne rencontre plus personne.