La Vache, la Brebis, la Chèvre et le Lion
Se joignirent un jour pour aller à la chasse :
(C'était une étrange union)
Afin d’encourager l’audace,
Ils eurent foin de faire une convention ,
Où l'on inséra cette clause :
Que si l'on prenait quelque chose,
Le gibier devait être aussitôt partagé
Egalement entre eux; l'accord bien arrangé,
Il advint, dit-on, que la Chèvre
Prit en ses filets un gros Lièvre ;
L’animal a la troupe étant communiqué,
En quatre égales parts fut bientôt disséqué ;
Mais le Lion alors plus qu’aucun autre avide ,
S’adressant fièrement à la troupe timide ;
Camarades, dit-il, la première est à moi,
Car vous n’ignorez pas que je fuis votre Roi.
Cette autre, ajouta-t-il, d’un ton tout aussi grave,
M'appartient de plein droit, comme étant le plus brave.
Je saisis la troisième et ne vous fais pas tort,
Elle m'est aussi due, à titre du plus fort.
At quant à la dernière, il n'y faut pas prétendre,
Sans craindre de ma part un traitement peu tendre.
Quand vous vous allierez à quelque puissant Roi,
Princes sans force et sans courage,
Attendez-vous à ce partage,
Et soyez toujours surs de sa mauvaise foi.