Quel est ce vil oiseau qui passe fièrement
Au milieu d’un nombreux cortège ?
Il veut, je crois, singer le grand.
A nous, à nous l’exclusif privilège.
Quel est l'autre qui suit, qui va si lourdement ?
Leur présence importune à toute heure m’assiège.
D’un coq et d’un canard ainsi parlait un paon ;
Son superbe maintien disait : Je vous protège ;
Tout était méprisé par l’oiseau de Junon ;
Il allait toujours seul, étalant son plumage :
Les fréquenter, lui paon, fi donc !
Ce serait oublier son nom.
Monsieur, se promenant un jour dans le bocage,
Est attaqué par un puissant faucon ;
Déjà de ses rubis il tapissait la terre,
Quand un propice bruit vient effrayer l’oiseau,
Et fait partir l’intrépide bourreau,
En terminant l’attaque téméraire.
L’orgueilleux tout plumé, tout confus et tout sot,
Baisse la tête , ne dit mot ;
Il gagne son gîte au plus vite :
Mais, ô malheur ! en traversant les cours,
Voilà qu’il entraîne à sa suite
Du domestique oiseau l’insipide concourt,
Qui, tout riant, raillant le triste sire,
Invectivant le malheureux,
Se moquait à l’envi de son état pileux.
Bien loin d’être touché des maux des orgueilleux,
Bien souvent on ne fait qu’en rire.