Un gros perroquet gris, échappé de sa cage,
Vint s’établir dans un bocage :
Et là, prenant le ton de nos faux connaisseurs,
Jugeant tout, blâmant tout, d’un air de suffisance,
Au chant du rossignol il trouvoit des longueurs,
Critiquoit surtout sa cadence.
Le linot, selon lui, ne savait pas chanter ;
La fauvette auroit fait quelque chose peut-être,
Si de bonne heure il eût été son maître
Et qu’elle eût voulu profiter.
Enfin aucun oiseau n’avoit l’art de lui plaire ;
Et dès qu’ils commençoient leurs joyeuses chansons,
Par des coups de sifflet répondant à leurs sons,
Le perroquet les faisait taire.
Lassés de tant d’affronts, tous les oiseaux du bois
Viennent lui dire un jour : mais parlez donc, beau sire,
Vous qui sifflez toujours, faites qu’on vous admire ;
Sans doute vous avez une brillante voix,
Daignez chanter pour nous instruire.
Le perroquet, dans l’embarras,
Se gratte un peu la tête et finit par leur dire :
Messieurs, je siffle bien, mais je ne chante pas.