Deux enfants d’un fermier, gentils, espiègles, beaux,
Mais un peu gâtés par leur père,
Cherchant des nids dans leur enclos.
Trouvèrent de petits perdreaux
Qui voletoient après leur mère.
Vous jugez de leur joie et comment mes bambins
À la troupe qui s’éparpille
Vont partout couper les chemins,
Et n’ont pas assez de leurs mains
Pour prendre la pauvre famille !
La perdrix, traînant l’aile, appelant ses petits,
Tourne en vain, voltige, s’approche ;
Déjà mes jeunes étourdis
Ont toute sa couvée en poche.
Ils veulent partager, comme de bons amis ;
Chacun en garde six, il en reste un treizième :
L’aîné le veut, l’autre le veut aussi.
— Tirons au doigt mouillé. — Parbleu non. — Parbleu si.
— Cède, ou bien tu verras. — Mais tu verras toi-même.
De propos en propos, l’aîné, peu patient,
Jette à la tête de son frère
Le perdreau disputé. Le cadet, en colère,
D’un des siens riposte à l’instant.
L’aîné recommence d’autant ;
Et ce jeu, qui leur plait, couvre autour d’eux la terre
De pauvres perdreaux palpitants.
Le fermier, qui passoit, en revenant des champs,
Voit ce spectacle sanguinaire,
Accourt et dit à ses enfants :
Comment donc ! petits rois, vos discordes cruelles
Font que tant d’innocents expirent par vos coups i
De quel droit, s’il vous plait, dans vos tristes querelles,
Faut-il que l’on meure pour vous ?