Un paon, dans une basse-cour,
A la poule disait un jour :
« De quel air arrogant ce coq porte sa tête !
Comme en maître il marche et s'arrête !
Comme il se dresse et bat ses flancs !
Quels regards, quels cris insolents !
Avec quel despotisme il force tes égales
A suivre tous ses pas comme d'humbles vassales !
Nul n'en peut approcher sans éprouver son choc.
Et l'homme cependant, voilà ce qui me blesse,
Ne dit jamais ! orgueilleux comme un coq,
Orgueilleux comme un paon, répète-t-il sans cesse.
- C'est qu'on est glorieux de plus d'une façon,
Dit la poule, et l'homme a raison :
La coq est à bon droit fier de sa vigilance ;
C'est lui que de l'aurore annonce le retour,
C'est lui qui le premier sur l'ennemi s'élance,
Quand les objets de son amour
Sont menacés ; mais toi, sans vigueur, sans courage,
Vain ornement de basse-cour,
Tu n'es fier que de ton plumage. »