Un Coursier se flattant d’une belle venue,
Se moquait d'un Cheval qui trainait la charrue ;
« En toi, » dit-il, « je vois un être sot et lent,
En moi chacun admire un colossal talent. »
« Tais-toi, » dit le Cheval à son indigne frère,
Si mon zèle en ce jour ne cultivait la terre,
Demain qui fournirait de l'avoine aux ingrats,
Pour soutenir l'orgueil de leurs jolis ébats ? »

Sachez, fiers paresseux, vous qui d'un ton sévère,
De mépris écrasez votre malheureux frère ;
Que l’orgueil avec lequel vous osez le toiser,
Votre rang par lequel vous voulez l'effacer,
Reposent fort souvent sur son intelligence,
Ses pénibles travaux et sa persévérance;
Pourquoi donc ce mépris, pourquoi donc ce dédain ,
Pour l’être malheureux qui vous fournit le pain ?
De votre beau maintien, la sublime élégance,
Sur lui ne vous accorde aucune préférence !
Car, si loin d'un palais, dans un réduit obscur,
Le Ciel d’un sort égal vous ait donné le jour,
Ses mœurs fort peu flatteurs seraient votre partage ;
Il aurait votre esprit ; mais encore plus sage
S'il avait partagé votre éducation :
L’on se passe de vous; quant à lui... disons non.





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